Nothing but the truth. Even if against me.

Nothing but the truth. Even if against me.

Friday, August 23, 2024

Hezbollah-Israel War in Lebanon: A Lebanese Military Speaks (French and English)

From : https://icibeyrouth.com/liban/377194

[The English translation of the interview follows the French trascript. An Arabic translation is available at: 

https://eliasbejjaninews.com/2024/08/133498/]

Trois questions au général Maroun Hitti : On fait la guerre quand on veut, on la termine quand on peut

Yara Germany
22 Août 2024

Depuis le début des affrontements entre le Hezbollah et Israël au Liban-Sud, les frappes israéliennes visent de plus en plus en profondeur le territoire libanais, atteignant la banlieue sud de Beyrouth et même la Békaa. Face aux interrogations que suscite cette évolution et à la possibilité que ces attaques marquent une nouvelle phase de la guerre, Ici Beyrouth s’est entretenu avec le général Maroun Hitti. 



 

 

 

 

 

 

 

Pourquoi, selon vous, les frappes israéliennes ne se limitent-elles plus au Liban-Sud ?

Tout simplement parce que le Hezbollah est présent sur l’ensemble du territoire libanais et pas seulement au sud.

Ce ciblage en profondeur marque une nouvelle évolution au niveau du cours des opérations, puisqu’Israël est en train de transgresser toutes les lignes rouges implicitement coordonnées avec le Hezbollah et d’approfondir le théâtre de ses opérations au Liban.

Ce n’est plus seulement le Liban-Sud qui est concerné, c’est désormais l’ensemble du territoire libanais qui est dorénavant impliqué dans le déroulement des opérations.

D’ailleurs, le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, a déclaré que le centre de gravité des opérations des forces armées israéliennes migre du sud d’Israël, le Hamas à Gaza, vers le nord, le Hezbollah au Liban.

Israël concentre donc désormais ses efforts sur sa frontière nord, puisque la guerre qui était existentielle au début avec Gaza ne l’est plus en ce moment. En effet, nous pouvons dire que le Hamas est aujourd’hui "virtuellement" détruit en tant que structure militaire. C’est la guerre au nord qui devient la priorité pour Israël, sa nouvelle guerre existentielle. Par conséquent, Israël ne se limitera pas à un cadre tacitement établi.

À ce stade, ce qui motive Israël et les États-Unis à intensifier leurs efforts au Liban n’est pas tant de gagner du terrain, d’abattre d’éminentes figures ou de frapper en profondeur, mais bien de dénier au Hezbollah et au Hamas toute velléité de prétendre avoir remporté n’importe quelle manche de la guerre, point essentiel dans la communication stratégique du Hezbollah.

Les deux erreurs commises par le Hamas et le Hezbollah sont, d’une part, de croire que la stratégie du bouclier humain fonctionnerait toujours et, d’autre part, de penser que leur ennemi ne maîtrise pas les clés de la communication stratégique.

Les attaques du Hezbollah dictent-elles les ripostes israéliennes, ou est-ce l’inverse ? Qui mène les affrontements aujourd’hui ?

À l’origine, c’est le Hezbollah qui a déclenché les affrontements en attaquant Israël le 8 octobre. Les hostilités se limitaient alors à des frappes restreintes de part et d’autre, mais elles se sont intensifiées depuis.

"On fait la guerre quand on veut, on la termine quand on peut", dit Machiavel. C’est précisément le cas du Hezbollah, qui a initié les affrontements, mais n’a plus aujourd’hui la capacité d’y mettre un terme.

Désormais, c’est Israël qui mène les affrontements, autrement dit, il a la capacité de prendre l’initiative et la force nécessaire pour la conserver.

Le Hezbollah répond aujourd’hui, mais il est bien embarrassé. Je suis convaincu que le Hezbollah s’attendait initialement à ce que la guerre entre Israël et le Hamas ne dure pas plus de trois mois. En effet, il misait sur la stratégie des boucliers humains adoptée par le Hamas. Une stratégie consistant à attaquer Israël, puis à attendre que celui-ci riposte en tuant des civils. Ce qui provoquerait un tollé général et pousserait la communauté internationale à intervenir pour instaurer un cessez-le-feu et ramener les belligérants à la table des négociations. C’est là que le Hamas prévoyait de crier victoire. Or ce mécanisme n’a pas fonctionné, puisque l’opération du Hamas a débordé.

Le Hezbollah a donc perdu le contrôle. Et même s’il cessait d’attaquer Israël aujourd’hui, je ne pense pas qu’Israël s’arrêterait. Pour le gouvernement israélien, un retour au statu quo qui prévalait avant le 7 octobre à sa frontière nord n’est plus envisageable. Le gouvernement israélien ne cessera ses actions que lorsque la situation à cette frontière aura changé drastiquement, permettant le retour permanent et en toute sécurité des habitants du nord du pays qui ont quitté la région depuis le début des affrontements.

L’issue de sortie : l’application stricte, en premier lieu, de la 1701, qui stipule entre autres un désarmement du Hezbollah, avec la responsabilisation de la Finul et du gouvernement libanais, qui ne s’est d’ailleurs jamais réellement positionné sur le sujet. En second lieu, la résolution 1559, qui prévoit la dissolution des milices au Liban, y compris le Hezbollah, devra être mise en œuvre par le gouvernement libanais.

Aucune autre issue n’est envisageable, si ce n’est la continuation indéfinie des combats jusqu’à ce que le Hezbollah se heurte à une "bitter end" (fin amère), soit jusqu’à la neutralisation de ses capacités offensives.

Cet approfondissement est-il une simple démonstration de force ou bien le début d’une nouvelle phase de la guerre ?

Ni l’un, ni l’autre.

Les Israéliens n’ont pas besoin de démontrer leur force ; c’est plutôt une démonstration de la capacité des services de renseignement israéliens à infiltrer les rangs du Hezbollah.

L’approfondissement des frappes vient dans le sillage des frappes qualitatives dans la banlieue sud de Beyrouth, soit l’assassinat du responsable militaire du Hezbollah Fouad Chokr et avant lui du numéro 2 du Hamas Saleh el-Arouri, ainsi que dans la Békaa, soit à 80 km au nord de la frontière, sur des sites que peu de gens soupçonnaient d’appartenir au Hezbollah, tels que des dépôts de munitions et d’armement. Ce qui ne fait qu’alimenter les rumeurs faisant lieu de défection au sein des rangs de hauts gradés du Hezbollah. Si cela était vrai, la situation du Hezbollah serait critique, car cela signifierait qu’Israël aurait gagné une guerre qui était essentiellement aujourd’hui comme une guerre de renseignement.

Par ailleurs, l’approfondissement des opérations d’Israël au Liban n’est pas non plus une nouvelle phase de la guerre, puisqu’il était prévisible et faisait donc partie de l’évolution logique de la situation. Cet approfondissement n’a pas l’effet d’une "surprise", car il s’inscrit dans une trajectoire d’événements prévisibles allant vers une escalade de la violence et l’élargissement du théâtre des opérations et de la confrontation.

Ce qui se passe aujourd’hui était prévisible dès que le Hezbollah a commencé ses attaques contre Israël après le 7 octobre. Depuis, il était indéniable qu’Israël frapperait dès qu’il détecterait des opportunités qui lui sont favorables, même en dehors des zones implicitement coordonnées avec le Hezbollah, comme pour l’assassinat de Fouad Chokr dans la banlieue sud de Beyrouth. 

===============================================

English translation:

From: https://icibeyrouth.com/liban/377194  - Translated from French

Three questions to Lebanese Army retired General Maroun Hitti. Per Machiavelli, “Wars begin when you will, but they do not end when you please".

Yara Germany
22 August 2024

Since the beginning of the clashes between Hezbollah and Israel in south Lebanon, Israeli strikes are increasingly targeting deeper inside the Lebanese interior, including the southern suburb of Beirut and even the Bekaa Valley. Ici Beyrouth queried Lebanese Army retired General Maroun Hitti on these developments.


Why is it in your opinion that the Israeli strikes are no longer limited to the south of Lebanon?

Simply because Hezbollah is present across the entire territory of Lebanon and not only in the south.

This targeting deep inside Lebanon is a new development in the ongoing operations because Israel is trespassing all the red lines that have been implicitly coordinated with Hezbollah and is moving the theater of its operations deeper inside Lebanon.

It’s no longer only south Lebanon that is in play; it’s now the totality of the territory of Lebanon that is the object of these operations.

In fact, Israeli Defense Minister Yoav Gallant has said that the center of gravity of the Israeli operations is migrating from the south of Israel, i.e. Hamas in Gaza, to its north, i.e. Hezbollah in Lebanon.

Israel is right now concentrating its measures on its northern border, since the war that erupted initially in Gaza is no longer an existential one. Hamas is, for all practical purposes, virtually destroyed as a military structure. The war in the north has become Israel’s priority, its new existential war. As a result, Israel will not restrict itself to any implied framework.

At this stage, Israel and the Americans’ motivation behind their efforts in Lebanon is not so much to gain territory or hunt down prominent leaders or even strike deep inside the country. It is rather to deny Hezbollah and Hamas any possibility of claiming having won any phase of the war, which is an essential headline in Hezbollah’s strategic communication.

The two mistakes committed by Hamas and Hezbollah are, one, to believe that the human shield strategy would always work, and two, to think that their enemy does not understand key elements of strategic communication.


Are the attacks of Hezbollah the driver of Israeli retaliations, or is it the opposite? Who drives the clashes today? 

Initially, it was Hezbollah that triggered the clashes by attacking Israel on October 8. The confrontation was limited then to measured strikes and counterstrikes on both sides. But these have intensified since.

“Wars begin when you will, but they do not end when you please", Machiavelli said. This applies particularly to Hezbollah which has initiated the clashes, but is no longer able to put an end to them. 

Right now, it is Israel that is driving the clashes. Which means that it has both the capacity to take the initiative and the force needed to maintain the initiative.

Hezbollah does respond, but it is in a quandary. I am convinced that Hezbollah initially calculated that the Israel-Hamas war would not last longer than three months. In effect, it was banking on Hamas’s human shield strategy, which consists in attacking Israel then waiting that civilians get killed in the Israeli response. This would provoke international outcry and intervention to impose a ceasefire and bring the belligerents to the negotiating table. In this scenario, Hamas could claim to have scored a victory. Alas, this did not work when the Hamas operation exceeded its scope.

Hezbollah has therefore no control over the situation. Even if it were to stop its attacks against Israel today, I don’t think that Israel would actually stop. For the Israeli government, a return to the status quo prior to October 7 along its northern border cannot be countenanced. The Israeli government would cease its operations only when the situation on that border is radically modified, which would allow the permanent and safe return of its northern residents back to their region.

The way out: First, the strict implementation of UNSCR 1701 which calls for, among other things, the disarming of Hezbollah along with an assumption by UNIFIL and the Lebanese government of their responsibilities. The Lebanese government has never adopted a real position on this matter. Second, UNSCR 1559, which calls for the disbanding of all militias in Lebanon, including Hezbollah, must be implemented by the Lebanese government.

No other exit is possible, otherwise the indefinite continuation of the fighting would inevitably lead Hezbollah to a bitter end or to the neutralization of its offensive capabilities.

 

Is this increased deepening of the conflict inside Lebanese territory simply a demonstration of force or the beginning of a new phase in the war?

Neither.

The Israelis do not need to demonstrate their power. It is rather a demonstration of the capabilities of Israeli intelligence at infiltrating Hezbollah’s ranks.

The strikes deeper inside Lebanon follow the qualitative strikes in the southern suburb of Beirut, the assassination of the military chief of Hezbollah Fuad Shokr and before him the number two of Hamas Saleh El-Aruri, as well as in the Bekaa, 80 kilometers north of the border, against sites that few suspected as belonging to Hezbollah like ammunition and weapons depots. This is exacerbating the rumors of defections within the upper echelons of Hezbollah. If this were to be true, Hezbollah would be in a critical situation, because this would mean that Israel would have won a war that was primarily an intelligence war.

Indeed, the Israeli strikes deeper inside Lebanon is not either a new phase in the war, since it was a predictable evolution of the situation. This should not be a “surprise” because it follows a trajectory of predictable events leading to an escalation of violence and a widening of the scope of the operations and the conflict.

What is happening today was expected the moment that Hezbollah began its strikes against Israel after October 7. Since then, it was impossible to exclude that Israel would strike at every opportunity it sees as favorable, even outside the areas that have been tacitly coordinated between Hezbollah and Israel, such as the assassination of Fuad Shokr in the southern suburb of Beirut.

 

1 comment: